vendredi 23 novembre 2007

Bodhisattvacharyavatara de Shantideva (versets 13 à 21)

Chapitre 2 (suite)
13. Avec des étoffes variées, fines, douces et célestes
Et des centaines d'ornements suprêmes,
Je pare les aryas Samantabhadra, Manjougosha,
Avalokitèshvara et les autres.

14. Avec des parfums exquis, dont l'odeur
Se répand dans les milliards de mondes,
Tout comme l'on polit l'or pur et raffiné,
J'oins les corps rayonnants de tous les mounis.

15. A tous ces bouddhas hautement dignes d'offrandes,
J'offre des fleurs odorantes, tels le mandara,
L'outpala et le lotus, des guirlandes
Ravissantes et agréablement disposées.

16. Je leur offre des encens, dont le parfum
Enivrant se répand en une masse de nuages.
Ainsi que des nourritures célestes,
Composées de mets et de boissons variées.

17. J'offre également des lampes précieuses sublimes,
Diposées sur des fleurs de lotus dorées.
Sur le sol aspergé d'eau parfumée,
Je répands des pétales de fleurs délicats.

18. A eux qui sont de la nature de la compassion,
J'offre des palais incomparables, résonnant d'éloges,
Scintillant de perles et de gemmes suspendus,
Oranant les étendues sans limites de l'espace.

19. De belles ombrelles précieuses, au manche doré,
Au pourtour ornementé de façon exquise,
Elegantes, droites et dont la vue ravit l'esprit,
Je les offre toujours aux puissants mounis.

20. De plus, puissent des masses d'offrandes
Résonnant de musiques douces et mélodieuses,
Demeurer chacune, comme des nuages
Apaisant la misère des êtres.

21. Sur tous les joyaux du parfait Dharma,
Sur les reliquaires et les statues,
Puisse une pluie de fleurs et de pierres précieuses
Tomber sans jamais cesser.

La méditation sur bodhicitta (suite 1)

Ces deux extrêmes, "existence en soi" et "totale inexistence", sont également faux. Nous sommes imprégnés de cette erreur depuis si longtemps que nous croyons à la justesse de notre vision et sommes incapables de discerner la vérité. C'est pourtant la signification profonde de shunyata qui constitue le mode d'existence juste.
Pensant à shunyata, nous pourrions être amenés à croire à la non-existence des phénomènes. Il n'en est pas ainsi ; ceux-ci ne sont pas de complètes illusions comme, par exemple, les apparitions d'un rêve. Les phénomènes ont un mode d'être. Ainsi, quand nous regardons un pic neigeux à travers des verres jaunes, la neige nous apparaît jaune ; les verres teintés modifient notre perception. De même, en raison de notre ignorance les phénomènes nous apparaissent réels leur mode d'être cependant est totalement différent de celui que révèle notre perception. Pourtant, répétons-le, il nous faut éviter de tomber dans l'extrême qui consiste à leur nier toute forme d'existence. Progressons sur une voie médiane en plaçant notre attention sur shunyata, c'est-à-dire la vacuité ou négation attachée à l'existence intrinsèque des phénomènes. Bodhicitta ultime signifie le complet affranchissement du samsara.

Ephémères sont les fruits qu'un arbre produit de nouveau chaque année,
mais le fruit de bodhicitta demeure inchangé, toujours vivant.
***

jeudi 22 novembre 2007

La méditation sur bodhicitta (suite)

Bodhicitta ultime

Dans notre ignorance, nous imaginons que tous les phénomènes existent par eux-mêmes d'une manière indépendante, et, comme tous les êtres, souffrons dans le samsara (cycle des existences) à cause d'autres êtres ou de conditions adverses.
L'igorance est toujours présente, mais elle est aisément reconnaissable quand se manifestent des états émotifs comme l'exaspération, la joie, la peur, car à de tels moments la saisie du "soi" est très forte. En observant minutieusement pendant des mois, et même des années, la manière dont fonctionne la conception du "soi", selon laquelle nous lui attribuons une existence réelle, nous serons en mesure de percevoir shunyata (la vacuité), le fait que le "je" et les phénomènes que nous considérons comme vrais, sont en réalité comparables aux illusions d'un rêve. La reconnaissance de shunyata (qui est le fruit d'une méditation prolongée et pas simplement de l'écoute des instructions ou de l'étude) est donc très importante.
Nous appréhendons les phénomènes comme s'ils existaient indépendamment de notre conscience. Cette vue est erronée, et en y adhérant nous nous exposons à être trompé. Il est dit en effet que si les phénomènes n'existent pas réellement, tels que nous les percevons, ils ne sont pas pour autant inexistants.

mardi 20 novembre 2007

2. La méditation sur bodhicitta (esprit d'éveil) (suite de l'Eclosion du lotus)

Nous traiterons d'abord de bodhicitta relatif dont la compréhension facilitera celle de bodhicitta ultime.

Bodhicitta relatif

Beaucoup vivent dans les difficultés et l'insécurité. Cultiver bodhicitta aide à transformer ces problèmes en moyens de progresser sur la voie vers la libération. En effet, la transformation d'une chose en une autre provoque des effets entièrement différents. Ainsi, par exemple, en fonction de l'état d'esprit dans lequel elles sont vécues, les circonstances adverses peuvent devenir des moyens d'acquérir l'illumination. C'est pourquoi bodhicitta doit être fermement implanté en nous. Il ne s'agit ici ni de spéculation philosophique ni d'un discours ne s'adressant qu'à l'intellect, mais d'un travail sur soi d'une absolue nécessité.
Quand surgit quelque problème, notre réaction habituelle consiste à en blâmer nos semblables ou les circonstances, une attitude que l'on retrouve aussi bien chez les individus, les nations et même les animaux. Pourtant cette réaction est fallacieuse. La véritable cause de tout problème réside dans l'amour de soi, le chérissement de soi-même.
Pour satisfaire le "soi" nous avons maintes fois mal agi. Nous avons poursuivi les plaisirs, apprécié certaines choses et rejeté d'autres. Nous nous sommes battus pour nos possession, nos prérogatives, ajoutant ainsi à la détresse et à la misère morale, tout ceci pour protéger et sauvegarder notre "soi" bien-aimé. Ce genre de conduite peut être décelé dans tous les plans d'existence.
D'innombrables empreintes de ces actions malheureuses sont emmagasinées en nous, leur cause première étant toujours le chérissement de soi-même. Nous sommes si fortement sous son emprise que nous ne pouvons supporter les privations de nourriture, de boisson ou autre.
Il existe deux moyens de se débarrasser des erreurs accumulés : en détruire les graines par les mesures appropriées ou accepter leurs effets, quels qu'ils soient. Le second est plus simple. selon cette optique, les maux que nous inflige autrui sont une grande aide, car ils nous fornissent la possibilité de nous délivrer de nos mauvaises actions. Il faut reconnaître l'amour de soi et l'égoïsme comme les véritables ennemis et les choses ou les personnes par lesquelles nous souffrons comme les meilleurs soutiens. Un esprit entraîné de cette manière est inattaquable. En d'autres termes, la souffrance physique cesse d'affecter l'état d'esprit. Nous savons tous que, si une personne ordinaire tombe malade, elle devient bien souvent la proie du découragement, ce qui rejaillit défavorablement sur sa souffrance corporelle. Dans la même situation, le bodhisattva, qui saura conserver intacte sa joie, surpassera sa souffrance. Dans ce monde où nous sommes sans cesse confrontés aux difficultés, un esprit bien formé présente un grand avantage. Une riche nourriture spirituelle procure la force nécessaire pour franchir les obstacles.
Pour aspirer à cet idéal, deux tâches nous incombent :
- considérer l'amour de soi comme le pire ennemi ;
- considérer tous les êtres comme les meilleurs amis et les servir.
Malheureusement, nous sommes encore incapables de mener à bien ces objectifs. Par conséquent, nous y préparer doit être de première importance. Dans la succession indéfinie des existences, tous les êtres ont été nos pères et nos mères. Les payer de retour pour la bonté dont ils ont fait preuve à notre égard dans cette relation de parents à enfants, satisfaire leurs besoins et les aider, tel est notre but. Ils sont en quête du bonheur et en leur offrant notre amour nous nous ouvrons à la technique appelée "Tonglen" (tib. : prendre et donner). Pour cet exercice, comme à l'occasion de toute autre pratique, commençons par demander refuge (Bouddha, Dharma et Sangha - la communauté). De même que l'on nettoie une assiette avant d'y déposer une nourriture succulente, de même nous devons avoir développé la volonté de prendre sur nous les souffrances des êtres. C'est donc le premier aspect à cultiver : imaginons leur détresse sous la forme de rayons noirs venant des dix directions de l'espace et nous pénétrant. Ensuite, cultivons la résolution de leur donner à tous bonheur, vertu et mérite avec une prière fervente à l'objet de refuge pour que ce voeu s'accomplisse. Imaginons que des rayons lumineux issus de notre personne touchent les êtres, exauçant leurs désirs. Répétons cet exercice de nombreuses fois.
Une application continue nous rapprochera peu à peu du plein éveil (parachevé pour le bien de tous les êtres), la seule position permettant d'apporter un soutien efficace et direct. Cette pratique sera difficile à réaliser au commencement, car l'habitude et la pensée de prendre soin d'autrui nous font défaut. Pour ceci, la meilleure approche consistera à considérer les difficultés qui touchent présentement notre personne ou ne manqueront pas de survenir dans cette vie ou les suivantes. La compréhension née de l'exploration de la souffrance personnelle sera alors étendue à tous les êtres. Prenant ainsi conscience de leur détresse, nous leur donnerons alors l'aide nécessaire : ceci doit être notre but.
Peu à peu ce mouvement d'acceptation et d'offrande se fera spontanément jusqu'à devenir une bénédiction pour l'adepte lui-même. D'ordinaire, l'attachement est notre réponse aux objets plaisants, les objets déplaisants suscitant notre aversion, tandis que ce qui apparaît comme neutre n'engendre qu'indifférence. Empêchons l'attachement et donnons à tous amour et sagesse ; prenons sur nous-mêmes ce qui est pénible et laissons autrui partager les bienfaits de nos bonnes qualités. Grâce à ce travail nos souffrances seront considérablement allégées, nous nous trouverons dans la position de transformer les circonstances défavorables en des moyens utiles à la progression vers l'éveil, comme l'oiseau qui adapte sa course aux vents pour s'élever dans le ciel. Prenons sur nous les afflictions du monde, donnons-lui en retour bonheur et vertu.
Il serait malhonnête de se satisfaire de la seule méditation ; en toutes occasions on devra l'appliquer avec notre entourage. Souvenons-nous encore que nous prenons soin de notre corps dans le seul but de servir les autres. C'est aussi l'unique raison de notre écoute des enseignements. A chaque instant, soyons prêts à "prendre et donner" en mangeant, dormant, marchant, dans toute activité. La respiration étant un mouvement naturel ininterrompu, associons "aspirer et expirer"à "prendre et donner".
Placer ses forces dans la pratique du Dharma donne tout son sens à la vie. Nous pouvons nous y employer dès maintenant. Que ceci soit notre effort dominant.

Les pratiques préliminaires (extraits de l'Eclosion du lotus, le développement de la clarté et de la compassion de Lama Sherab Gyaltsen Amipa)

Elles comprennent trois méditations essentielles au développement intérieur :
  1. le précieux corps humain,
  2. l'impermanence,
  3. le karma (les actions et leurs effets).
Qui veut être utile aux autres doit maîtriser ces méditations, de même qu'un bon instructeur possède les sujets qu'il enseigne.

Le précieux corps humain

Comprendre l'importance de ce précieux corps humain grâce auquel de nombreux actes bénéfiques sont possibles est le premier point. La majorité des hommes ne se préoccupent que d'une seule chose, amasser la plus grande quantité de biens, et gâchent leur existence. Par contre, si le corps et l'esprit sont employés à réaliser le Dharma, toutes les limitations éclatent. On acquiert la capacité de s'épanouir dans le bien et finalement d'accéder à l'état de Bouddha.

Il est capital de découvrir en soi-même ce potentiel et de s'en servir comme on le ferait d'une source de bien-être. Celui qui, l'ayant compris, n'en continue pas moins de s'abandonner aux plaisirs mondains, chutera sans aucun doute dans une misère profonde.

L'impermanence

Ne remettons pas la pratique au lendemain, car la mort est certaine et incertain le moment de sa venue. Gardant à l'esprit l'imprévisibilité du trépas, ne gaspillons pas le temps précieux qui nous reste, appliquons-nous à l'étude. La pensée de la mort est le meilleur remède à la paresse. Elle nous orientera sur la voie, non seulement pour la durée de cette courte existence mais de façon ininterrompue jusqu'à l'éveil parfait, apportant à la vie suivante les réalisations de chaque vie comme l'arbre fruitier qui croît d'année en année pour finalement porter des fruits.
Nous devons décider solennellement de renaître humain, car ce statut est terriblement difficile à obtenir si l'on tombe dans des états d'infortune.

Le karma (les actions et leurs effets)

Eviter les renaissances inférieures douloureuses dépend des graines semées dans le champ de la conscience grâce à une spiritualité vécue dans le monde humain. Soyons vigilants dans nos efforts, écartons-nous de ce qui est trompeur et illusoire, sinon un véritable engagement ne sera pas possible. Surveillons les trois portes du corps, de la parole et de l'esprit, enrayons les actions néfastes et observons les dix vertus, car les mauvaises habitudes et les manquements, pareils à un serpent venimeux, ont la souffrance pour nature.

***

En méditant sur ces trois sujets,
la certitude et la connaissance intuitive
de leur véracité verront le jour.



jeudi 1 novembre 2007

Le Bodhisattvacharyavatara de Shantideva (versets 1 à 12)

Chapitre 2

REVELATION DU MAL

1. Pour maintenir cet esprit précieux
De tout mon coeur, je fais des offrandes
Aux Tathagatas, au Saint Dharma, aux Trois Joyaux sans tache
Et aux enfants des vainqueurs, océans de qualités.

2.Toutes les fleurs et tous les fruits,
Toutes les sortes de médecines,
Tous les bjoux existant de par le monde
Et des eaux pures, rafraîchissantes,

3. Des montagnes faites de pierres précieuses,
Des verts bocages, des sites tranquilles et joyeux
Des arbres célestes parés de fleurs,
Des fruitiers ployant sous le poids des fruits,

4. Des encens, des parfums de célestes royaumes,
Des arbres de gemmes et ceux qui exaucent les souhaits,
Des lacs et des étangs ornés de lotus
Où résonne le chant mélodieux des cygnes,

5. Des récoltes spontanées et tous les ornements
Qui sont dignes d'être offerts,
Tout ce que contiennent les sphères illimitées de l'espace,
Tout ce qui n'appartient à personne.

6. Je crée tout cela dans mon esprit et l'offre,
Aux bouddhas et leurs enfants, suprêmes parmi les êtres :
Vous les tout compatissants, source de toutes les qualités,
Regardez-moi avec bonté et acceptez ces offrandes.

7. Etant pauvre et dépourvu de mérites,
Je n'ai rien d'autre à vous offrir.
Vous, les protecteurs qui souhaitez le bien des êtres,
Acceptez ceci pour mon bien, grâce à vos pouvoirs.

8. Aux vainqueurs et à leurs enfants,
Toujours j'offrirai tous mes corps.
Vous, les héros suprêmes, acceptez-moi ;
Respectueusement, je me soumets à vous.

9. Etant parfaitement sous votre protection,
Sans craindre l'existence, je serai utile aux êtres.
Je surmonterai tous mes anciens actes négatifs,
Et je n'en commettrai plus d'autres.

10. Dans des salles de bains délicieusement parfumées,
Aux sols de cristal d'un éclat scintillant,
Aux piliers resplendissant de joyaux
Aux baldaquins parés de perles chatoyantes,

11. Je prie les tathagatas et leurs enfants
De venir, au son de musique et de chants,
Laver leur corps avec des eaux parfumées et pures,
Déversées de nombreux vases précieux.

12. Je sèche leurs corps avec des linges incomparables,
Immaculés et imprégnés de parfums,
J'offre à ces sublimes êtres des habits aux couleurs
Ravissantes et parfumées de senteurs délicieuses.

Bodhisattvacharyavatara de Shantideva (versets 20 à 36)

Chapitre 1 (suite)

LES BIENFAITS DE L'ESPRIT D'EVEIL

21. Si la pensée de délivrer les êtres
D'un mal de tête seulement
Est une pensée salutaire
Qu'elle fait amasser des mérites inconcevables,

22. Que dire alors de ce souhait
De libérer chacun de sa souffrance infinie
Et de ce voeu que tous les êtres
Obtiennent des qualités illimitées ?

23. Qui est capable du désir
De faire le bien à un tel degré ?
Nos père et mère, les dieux, les ermites,
Ou même le grand Brahma lui-même ?

24. Si même en rêve ils n'ont jamais pu
Avoir ce désir pour eux-mêmes,
Comment les êtres pourraient-ils
Le développer pour autrui ?

25. Une telle pensée d'être bénéfique aux êtres,
Et que les autres, même pour eux-même, n'ont pas conçue,
Est une pensée infiniment précieuse.
Sa naissance dans l'esprit est d'une splendeur sans précédent.

26. Comment prendre la pleine mesure
Des mérites que recèle cet esprit précieux
Cause de toutes les joies du monde
Elixir apaisant les souffrances des êtres.

27. Si la simple pensée d'être bénéfique
Est supérieure à l'offrande aux bouddhas,
Que dire de l'effort qui tend à établir
Tous les êtres sans exception dans le bonheur ?

28. Pourtant désireux d'échapper à la souffrance,
En réalité, ils se précipitent vers elle.
Bien qu'ils cherchent le bonheur, dans leur ignorance,
Ils le détruisent comme s'il était un ennemi.

29. Mais quiconque est privé de bonheur,
et de multiples souffrances est accablé,
L'esprit d'éveil le comble de toutes les joies,
Et le libère de toutes les douleurs.

30. Il dissipe même l'ignorance.
Où trouver une telle vertu ?
Où trouver un tel ami ?
Où trouver de tels mérites ?

31. Si l'acte de rendre une bonne action
Est digne de quelques éloges,
Que dire alors du bodhisattva,
Qui fait le bien sans se faire prier ?

32. Celui qui donne parfois à quelques êtres,
Avec mépris, un peu de maigre nourriture,
A peine suffisante pour une demi-journée,
est honoré par le monde comme un être vertueux,

33. Que dire alors de la générosité de celui
Qui sur de longues durées mène des êtres innombrables
Vers l'insurpassable félicité des sougatas
Et qui ainsi, satisfait tous leurs espoirs ?

34. Quiconque nourrit des pensées malveillantes
Envers de tels bienfaiteurs, les "enfants des vainqueurs",
Séjournera aux enfers pour autant d'éons,
Qu'il a eu de pensées, a dit le Mouni.

35a. Par contre, en faisant naître un état d'esprit élevé,
Les fruits de celui-ci se multiplieraient bien plus.
35b. Quand les bodhisattvas rencontrent d'importants obstacles,
Dans leur esprit ne surgit rien de mal ;
Leurs vertus naturellement s'accroissent.

36. Devant le corps de celui où est né
Ce joyau sacré de l'esprit, je me prosterne.
Il apporte le bien-être même à ceux qui lui nuisent,
En cette source de bonheur je prends refuge.

Le Bodhisattvacharyavatara de Shantideva (versets 1 à 19)

S'engager dans les activités des bodhisattvas - Texte racine -

Chapitre 1

LES BIENFAITS DE L'ESPRIT D'EVEIL

1a. Respectueusement, je me prosterne
Devant le Corps de Vérité des sougatas,
Devant leurs enfants, les bodhisattvas,
Et devant tous ceux dignes d'hommages.

1b. Ici je présenterai
Une synthèse des voies d'engagement
Dans les voeux de bodhisattvas,
Conforme aux enseignements.

2. Rien n'est exposé ici qui ne l'ait déjà été,
Et je ne suis pas habile dans l'art de composer.
Aussi ai-je entrepris ceci dans le but d'en imprégner
Mon propre esprit et non pour éclairer les autres.

3. M'accoutumant ainsi à ce qui est vertueux,
La puissance de ma foi ira croissant un temps.
Si d'autres aussi heureux que moi lisent ces lignes,
Eux aussi s'imprégneront de leur sens.


4. Les libertés et les richesses sont difficiles à obtenir,
Elles donnent à la condition humaine toute sa valeur,
Mais si je n'en tire pas profit, comment à l'avenir
Obtenir des conditions qui soient aussi parfaites ?

5. Tout comme dans une nuit assombrie par les nuages,
Un éclair illumine tout l'espace d'un instant,
Dans ce monde, par le pouvoir des bouddhas,
Une pensée positive apparaît fugitivement.

6a. Pour cette raison la vertu est toujours faible,
Et les forces du mal sont intenses et inépuisables.
6b. Quelle autre vertu aurait raison d'elles,
Hormis le parfait esprit d'éveil ?

7. L'ayant contemplé pendant des éons,
tous les "mounis" en ont vu les bienfaits ;
C'est par lui que la foule illimitée des êtres
Atteindra rapidement l'état de félicité suprême.

8. Quiconque désire vaincre l'immense détresse du monde,
Eloigner la souffrance des êtres
Et jouir d'un bonheur infini,
Ne doit jamais se détourner de la pensée d'éveil.

9; Dès qu'ils auront produit la pensée d'éveil
Les malheureux emprisonnés dans l'existence cyclique
Seront appelés les "enfants des sougatas" ;
Ils seront vénérés dans le monde par les humains et les dieux.

10. Comme l'élixir suprême qui transforme tout en or,
Elle transformera ce corps impur que nous avons pris
En corps de Victorieux, joyau infiniment précieux.
Gardez donc fermement cette pensée d'éveil

11. Puisque l'unique guide des êtres, ayant par son esprit illimité
Mené une observation excellente et complète, l'a reconnu précieux,
Que ceux désirant se libérer des demeures mondaines,
Gardent résolument ce précieux esprit d'éveil.

12. Toutes les autres vertus sont comme le plantain ;
Il fructifie et ensuite s'épuise.
L'arbre céleste de la pensée d'éveil
En fructifiant sans cesse ne s'épuise jamais.

13. En me reposant sur elle, comme lorsque mû par la peur,
Je me reposerai sur un être courageux,
En un instant je serai libéré,
Même si j'ai commis des crimes incommensurables.
Pourquoi alors, les êtres vigilants ne se consacrent-ils pas à elle ?

14. Elle est comme le feu à la fin d'un éon,
Qui consume tout le mal en un instant.
Le Protecteur Maitreya, le Sage,
Enseigna à Soudhana ses bienfaits innombrables.

15. En bref il nous faut savoir
Que l'esprit d'éveil a deux aspects :
L'un est l'esprit d'aspiration
Et l'autre l'esprit d'engagement.

16. Ainsi qu'est bien connue la différence
Entre le désir d'aller et l'acte d'aller (lui-même),
De même les sages se doivent de connaître la différence
Entre l'aspiration et l'engagement.

17. Bien que l'esprit d'aspiration à l'éveil
Porte beaucoup de fruits dans l'existence conditionnée,
Il ne produit pas un flot incessant
De mérites, comme l'esprit d'engagement.

18. Pour celui qui en lui éveille parfaitement
Cet esprit déterminé à ne jamais renoncer
A complètement libérer
Toutes les sortes d'êtres, dans leur infinité,

19. A partir de ce moment,
Même s'il est endormi ou insouciant,
Continuellement surgira
Une force de mérites vastes comme l'espace.